Show de boucane autour de Hockey Canada

--- 22 juin 2022

Conversations de salon entre Marie-Pier et Pierre-Marie

— C’est vraiment écœurant qu’une organisation comme le Canadien de Montréal essaie de nous cacher des affaires! Maudite culture du viol à marde!

— Le Canadien de Montréal?

— Ben oui.

— Tu parles de l’affaire entourant un viol collectif dans laquelle Hockey Canada a conclu une entente?

— Oui!

— Canadiens de Montréal pis Hockey Canada, c’est pas…

— Ben non! Je sais. Mais c’est pas ça qui est important.

— C’est quand même pas la même entité. Quand on accuse du monde…

— Non. T’as raison. Hockey Canada. C’est quand même écœurant pareil!

— Quoi?

— Ben, t’as pas entendu les nouvelles?!

— J’ai entendu beaucoup de choses.

— Voir si ça a de l’allure en 2022 d’essayer de cacher des affaires de même.

— Je sais pas si je te suis…

— Ben voyons donc! Tu vas pas me dire que tu trouves ça correct qu’une organisation comme celle-là passe une entente, derrière les portes, en cachette, pour camoufler toute l’affaire?

— Tu parles comme un politicien qui veut se faire du capital politique.

— Pardon?

— C’est pas parce que Hockey Canada a préféré conclure une entente à l’amiable plutôt que de laisser la situation se régler devant les tribunaux que le motif était de camoufler quoique ce soit.

— Pourquoi, d’abord?

— Ça aurait pu être plusieurs choses. Ils ont peut-être préféré épargner le trouble à la victime, convaincus que quelque chose était effectivement arrivé. Surtout s’ils se sont rendu compte que la poursuite aurait de la difficulté à prouver qui était coupable. Ou alors ils ont pas eu le cœur de forcer la victime à les poursuivre elle-même au civil.

— Je comprends pas.

— Dans une poursuite au civil, c’est la victime qui doit tout entreprendre et débourser les frais. Si elle gagne, elle reçoit une compensation, de l’argent, des personnes responsables. Alors que si c’est une plainte criminelle, c’est l’État qui se charge de la poursuite. La victime, elle sert juste de témoin dans le processus, pour la preuve. Et la conclusion de l’affaire, devant un tribunal, ça lui donne rien, à la victime. Rien à part le sentiment de justice si les accusés sont trouvés coupables. C’est pas rien… mais ça lui donne pas d’argent.

— Mais là, avec une entente de même, elle a eu de l’argent.

— Sans doute. C’est ça l’idée.

— C’est quand même pratique pour l’organisation parce que ça leur permet toujours ben d’empêcher le public de savoir pis de protéger leur image.

— Je suis pas certaine que ça protège leur image, vu ce qui se passe.

— Sauf que si personne avait alerté qui que ce soit sur le fait qu’ils avaient essayé de camoufler l’affaire, ça les aurait protégé.

— Comme je le disais, je suis loin d’être convaincue que parce qu’ils ont conclu une entente, on peut en déduire qu’ils ont essayé de camoufler quoi que ce soit.

— L’entente est confidentielle!

— C’est toujours confidentiel ce genre d’entente. Tu veux pas que le public sache combien tu paies à la personne qui s’est plainte. Tu veux pas que d’autres personnes après se disent que ce serait une bonne idée de se plaindre pour avoir de l’argent. Tu veux protéger toutes les parties en cause, la victime incluse.

— Tu fais de l’angélisme!

— Peut-être. Moi je trouve que tu fais du populisme.

— Pis je m’excuse, mais c’est des fonds publics qu’ils ont utilisés pour leur règlement. Alors le public a le droit de savoir.

— Le droit de savoir quoi? Leur enquête a rien donné de concluant pour arriver à identifier les personnes responsables… Pis le fait que ce soit des fonds publics, c’est loin d’être clair. Et même si c’était le cas, ça donne pas le droit absolu de tout savoir. Le problème, c’est pas plutôt que, entente ou pas entente, ils aient pas pris des moyens pour sensibiliser leur monde, à tous les niveaux de leur organisation, sportifs inclus, au problème entourant la violence sexuelle depuis que c’est arrivé?

— C’est sûr que ça c’est inacceptable!

— Oui, mais on le sait même pas s’ils l’ont fait ou pas. Parce que toute la saga dans les nouvelles en ce moment tourne autour d’une seule chose : on essaie de les faire passer pour des arnaqueurs, complices même, selon certains, qui ont voulu camoufler l’affaire. C’est beaucoup plus simple comme histoire à raconter. Donc plus vendeur!

— Ouain… Mais qu’est-ce qu’ils pourraient faire pour sensibiliser leur monde?

— Ah. Ça c’est une piste prometteuse…


Maude Choko est avocate experte en droit du travail, des arts et du divertissement, et également active dans le milieu artistique. Poussée par le désir de raconter des histoires, elle a écrit et produit plusieurs courts métrages, une série web et des pièces de théâtre.

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