Je souhaite que nous réalisions l’indépendance du Québec

--- 7 décembre 2025

Y penser donne le vertige tout en faisant rêver.

Je souhaite que nous réalisions l’indépendance du Québec. Je suis entièrement habité par le sentiment et par l’idée qu’il s’agit du rendez-vous normal avec l’histoire.

Je suis un citoyen « ordinaire », j’entends par-là que, comme la majorité d’entre nous, je suis occupé au quotidien à faire autre chose que de me consacrer entièrement à cette cause, pour prendre soin de mes semblables et subvenir aux besoins de ma famille.

Inévitablement, donc, pour réaliser ce projet, je devrai, par les voies de la démocratie, confier ce mandat à quelques-uns de mes semblables.

Évidemment, tout le monde aura un rôle à jouer, petit ou grand, mais il aura des rôles très grands, immenses, d’envergure.

Il s’agira de piloter ce qui sera le plus grand projet politique jamais vu dans notre histoire.

Y penser donne le vertige tout en faisant rêver. Monnaie, armée, accords commerciaux internationaux, négociations avec nos nouveaux voisins sur tous les liens qui nous unissaient la veille, mise en place des ministères et programmes dans tous les secteurs d’activité, création de nouvelles lois et règlements qui n’étaient pas de notre ressort auparavant, gestion des flux migratoires, ententes avec les Premières Nations, navigation sur les voies maritimes, télécommunications, diplomatie internationale, et bien plus encore. Tous les aspects de nos vies seront touchés, sans exception.

J’ai employé plus haut le verbe « confier ». C’est un mot important.

Il est question de mettre sa confiance dans les mains de quelqu’un, un commandant, qui saura naviguer dans ces eaux tumultueuses et ces courants incertains. Sans aucun doute, pour une telle aventure, il faudra un solide équipage, tout aussi digne de confiance, qui accompagnera ce capitaine.

Se questionner sur ce geste, d’une importance sans pareille, qui consiste à mettre sa confiance dans les mains de quelques-uns de nos concitoyens qui se disent prêts à relever ce défi, ce n’est pas poser des conditions à l’indépendance.

Donner à un capitaine et à son équipage le mandat de mettre en branle un tel projet et d’en assurer la gouvernance pour les premières années de vie, c’est sans doute la plus grande délégation de pouvoir qu’on puisse faire.

Dire que nous sommes prêts à participer à une mission d’une telle ampleur, mais pas avec n’importe qui et n’importe comment, ce n’est pas poser des conditions à l’indépendance.

Estimer qu’il faudrait, pour bien mener un tel chantier, posséder plusieurs qualités et certains atouts essentiels, tels que la finesse diplomatique, la connaissance approfondie des réalités sociales et régionales de ce pays à faire, des relations solides et sereines avec les acteurs de la démocratie associative présents sur tous les terrains ainsi qu’une grande dose d’humilité, corollaire d’une combativité féconde, ce n’est pas poser des conditions à l’indépendance.

C’est un truisme de rappeler qu’après l’indépendance, la vie démocratique pourra suivre son cours. On continuera de choisir nos représentants, comme il est sain et normal de le faire en démocratie.

C’est bien vrai. Mais c’est aussi une évidence de dire qu’un tel projet devra pourvoir compter, le temps de le faire, sur des citoyens dotés d’un talent politique exceptionnel.

Je souhaite que nous réalisions l’indépendance du Québec. Je suis entièrement habité par le sentiment et par l’idée qu’il s’agit du rendez-vous normal avec l’histoire.

Pour l’heure, je serais passablement embêté si on me demandait où se trouve cet équipage avec qui je serais prêt à naviguer en toute confiance.


Simon Jodoin est auteur, chroniqueur et éditeur. Après des études en philosophie et en théologie à l’Université de Montréal, il a pris part à la réalisation de divers projets médiatiques et culturels, notamment à titre de rédacteur en chef du magazine culturel VOIR. Il est désormais éditeur de Tour du Québec et chroniqueur régulier au 15-18 sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première. Il est l'auteur du livre Qui vivra par le like périra par le like, un témoignage au tribunal des médias sociaux.

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