Le gorille, l’IA et nous
La course à l'IA annonce un choc entre la machine et le vivant

Il y a quelques semaines, un mème s’est propagé sur les médias sociaux. À la fois concret, hypothétique et susceptible de remuer mille passions, le thème était simple: serait-il possible pour 100 hommes de vaincre un gorille dans un combat en corps à corps?
Comme pour d’autres controverses virales, la question a permis à des milliers d’inconnus de faire semblant de discuter sérieusement de choses importantes pendant quelques jours. Certains affirmaient avec confiance que 100 hommes entraînés pourraient venir à bout du primate. D’autres prédisaient plutôt que le gorille aurait tôt fait d’arracher quelques têtes et quelques bras avant que ses antagonistes ne déguerpissent sans demander leur reste. D’autres encore ont adopté la posture du scientifique sobre, conjecturant que le grand singe pourrait abîmer quelques dizaines d’hommes avant que ces derniers, agissant de manière concertée, finissent par l’épuiser et s’imposer.
Au terme de ce vaste et ridicule débat, qui a anéanti des dizaines de milliers d’heures de productivité à l’échelle mondiale, l’humanité n’a accompli absolument aucun progrès: personne ne sait ce qui se passerait réellement, et personne ne tentera réellement l’expérience. Tous ces échanges n’étaient qu’un prétexte pour désennuyer des gens qui passent trop de temps devant leur écran.
Avalés par nos écrans?
Au même moment, dans d’autres forums, un autre débat faisait rage. Là aussi, l’issue est incertaine. Mais les enjeux sont autrement plus sérieux.
Je ne parle pas d’un combat hypothétique entre des humains et un gorille, mais du choc certain que l’intelligence artificielle (IA) provoquera, peut-être d’ici 24 mois, pour des centaines de millions d’hommes et de femmes à travers le monde, et des conséquences de cette innovation technologique sur l’organisation du travail, de la vie sociale et des relations personnelles.
Si un gorille possède la force de 4 à 10 hommes, les moteurs actuels d’IA dépassent déjà l’humanité entière à bien des égards.
Les systèmes sont loin d’être parfaits, bien sûr. Ils ont leurs défauts et leurs limites. Les problèmes d’hallucination, notamment, sont bien documentés. Un article récent, rédigé par les chercheurs d’Apple, soulève des doutes sur les capacités de certains modèles avancés. Mais, même dans son état d’avancement actuel, aucun être humain n’a la capacité de rivaliser avec l’IA en matière de recherche, d’analyse et de synthèse des connaissances, à toute vitesse, sur tous les sujets. Les ordinateurs ont déclassé les champions d’échecs depuis une vingtaine d’années. ChatGPT est déjà partout sur les campus universitaires, et utilisé tant par les étudiants que par leurs profs. Les prochaines générations d’IA promettent d’être exponentiellement plus puissantes, capables d’accomplir encore mieux, et encore plus rapidement, le travail de millions de personnes, dans tous les domaines, incluant ceux (comme le travail manuel) qu’on considère souvent à l’abri de l’IA. Un scénario pose l’hypothèse qu’en mars 2027 – dans moins de deux ans – les plateformes d’IA les plus avancées pourront accomplir la tâche de 50 000 programmeurs humains experts, trente fois plus rapidement.
Cette réalité soulève des questions fondamentales sur notre organisation sociale et économique, et même sur les aspects les plus intimes et existentiels de la vie humaine. Les prises de parole sur le sujet se multiplient depuis quelques mois.
Utopie et dystopie
Certains abordent cette évolution de manière optimiste, évoquant les progrès technologiques du passé pour prédire que l’IA aura sensiblement les mêmes conséquences: des pertes ou des transformations d’emplois, compensées par la création de nouvelles occupations et une amélioration générale de la croissance économique et de notre qualité de vie. On affirme que l’IA permettra d’automatiser certaines tâches routinières, d’augmenter la productivité et de décupler notre savoir — ce qui mènerait à de grandes découvertes et de vastes avancées socio-économiques.
Sam Altman, PDG de OpenAI, créateur de ChatGPT, est un des principaux prophètes de cette vision. (L’investisseur Marc Andreessen pousse la philosophie aux limites de la caricature.) Ce courant présente l’IA comme un outil technologique – certes impressionnant et révolutionnaire – mais dans la continuité des innovations passées qui ont contribué à l’amélioration de notre qualité de vie et des sociétés humaines.
D’autres offrent toutefois une perspective beaucoup plus sombre et alarmiste.
Elon Musk s’inquiète depuis des années des risques que l’IA pose pour l’humanité. Récemment, des voix moins polarisantes se sont aussi élevées pour sonner l’alarme. Le manifeste AI2027 offre des prédictions effarantes sur l’avenir proche, incluant dans ses composantes géopolitiques et militaires. Le PDG de Anthropic, Dario Amodei, s’inquiète d’une apocalypse pour le marché du travail et implore les entreprises et les leaders politiques d’abandonner les euphémismes et les lunettes roses quant aux conséquences socio-économiques de l’IA. Yoshua Bengio, dans une récente conférence TED, aborde sérieusement les risques d’extinction de l’humanité liés à des systèmes informatiques dotés d’agentivité et dont les intérêts ne seraient pas alignés sur les nôtres. D’autres s’inquiètent d’un avenir où les humains pourraient développer des relations intimes, érotiques mêmes, avec des Chatbots à ce point convaincants qu’ils remplacent les véritables rapports humains.
« Comme créateurs de cette technologie, nous avons le devoir et une obligation d’être honnêtes à propos de ce qui s’en vient,” explique Amodei. “Je ne crois pas que les gens en sont conscients. C’est une dynamique très étrange. Nous disons que les gens devraient s’inquiéter de la trajectoire de la technologie que nous développons. Les critiques répondent qu’ils ne nous croient pas, que nous ne faisons que mousser nos produits. Mais les sceptiques devraient plutôt se demander: et s’ils avaient raison?”
Quelques nouvelles récentes suggèrent que les bouleversements ont commencé: mises à pied chez Microsoft, restructuration chez Meta, suppressions de postes chez Duolingo, et des indications que plusieurs dirigeants d’entreprises suivent de près les développements pour ajuster leurs plans d’embauches en conséquence. Dans le manifeste futuriste AI2027, les auteurs décrivent le processus d’obsolescence du travail humain au sein de OpenBrain, une entreprise fictive d’IA :
JUIN 2027: La plupart des employés humains de OpenBrain ne peuvent plus apporter de contribution utile. Certains ne le réalisent pas et micro-gèrent leurs équipes d’IA de manière contreproductive. D’autres restent assis devant leur écran, observant la performance grimper, grimper, grimper sans cesse. Les meilleurs chercheurs en IA continuent d’apporter de la valeur. Ils ne programment plus. Mais les modèles ont de la difficulté à répliquer certains de leurs intérêts de recherche et leurs capacités de planification. Cela dit, plusieurs de leurs idées sont inutiles parce qu’ils n’ont pas les connaissances approfondies des IA. En réaction à plusieurs de leurs suggestions de recherche, les IA produisent immédiatement un rapport expliquant que leur idée a été testée en profondeur il y a trois semaines et jugée peu prometteuse.
Ces chercheurs se couchent chaque soir et se réveillent le lendemain avec l’équivalent d’une semaine d’innovation, réalisée principalement par les IA. Ils travaillent de plus en plus et se relaient 24 heures sur 24 pour demeurer à jour sur les progrès, parce que les IA ne dorment et ne se reposent jamais. Les chercheurs humains courent vers le burnout mais ils savent que ce sont les derniers mois où leur travail peut faire encore une différence.
Des questions urgentes
Je ne suis pas expert en IA. Je ne suis pas en mesure d’évaluer qui, des optimistes ou des alarmistes, a le plus de chances d’avoir raison. Mais je note que, contrairement à ceux portant sur les hommes et les gorilles, les débats sur l’IA concernent des enjeux réels et graves. Le principe de précaution doit s’appliquer.
Peut-on simplement balayer les objections en évoquant l’histoire des innovations passées et leurs impacts bénéfiques sur le progrès social, scientifique et économique, ou faut-il plutôt rappeler – en particulier aux apologistes du libre-marché et de l’invention infinie – que les performances passées ne préjugent pas des performances futures?
Peut-on assimiler à une innovation ordinaire une technologie qui ne se contente pas de simplifier, d’accélérer ou d’alléger nos tâches – comme le fait une pelle mécanique, une calculatrice ou un courriel – mais qui a le potentiel de remplacer, voire de dépasser notre intelligence?
Peut-on poser la question — rapidement — de la place que l’IA devrait occuper dans nos sociétés, et des mécanismes en vertu desquels cette place sera déterminée ou contenue? Faut-il se résigner, malgré les risques, à poursuivre cette course effrénée vers une intelligence surhumaine, par crainte que nos rivaux géopolitiques acquièrent des super pouvoirs avant nous?
Faut-il réglementer le secteur? Décréter un moratoire? Imposer dès aujourd’hui des codes de conduite aux organisations qui développent les modèles d’IA, et espérer que ces procédures amènent naturellement des résultats bénéfiques? Faut-il, comme le propose Yoshua Bengio, radicalement limiter l’agentivité des systèmes d’IA?
Faut-il réactualiser la pensée luddite et rejeter catégoriquement les innovations technologiques qui nous arrachent à notre condition terrestre, matérielle, mortelle, locale et ancrée dans la nature? Doit-on – peut-on? – remettre le génie de l’IA dans la bouteille, comme dans Terminator?
Faut-il reconsidérer la primauté de la croissance et de l’innovation sur toute autre considération éthique, personnelle ou sociale? Faut-il statuer collectivement (plutôt que strictement individuellement) sur ce qu’on considère comme les aspects essentiels des relations humaines et de notre organisation socio-économique? Faut-il remettre en question la productivité et la praticité comme valeurs cardinales dans nos vies? Faut-il envisager la limitation d’une industrie privée au nom du bien commun? Faut-il proposer une collaboration internationale avec des États qu’on considère comme des menaces? Faut-il imaginer des réformes radicales de nos instances démocratiques, incluant des nouveaux mécanismes de redistribution de la richesse?
Plus fondamentalement, faut-il s’interroger sur les dimensions de nos vies que nous considérons comme non négociables, liées de façon intrinsèque à notre identité humaine? En présumant qu’on trouve ces réponses, comment remettre l’IA à sa place et préserver la valeur irremplaçable, l’autonomie et le sens de nos vies personnelles, sociales et professionnelles? Comment s’assurer que nous ne devenions pas collectivement sujets d’algorithmes qui pensent pour nous, et individuellement amoureux de machines programmées pour combler nos fantasmes?
Nous ne sommes pas habitués à nous poser ces questions. Elles invitent des réflexions dissonantes et des interrogations qui déstabilisent certains paradigmes de notre époque. Je n’ai assurément pas toutes les solutions, mais si les prédictions entourant l’IA se réalisent, toutes les approches devront être sur la table.
Ne pas détourner le regard
Il y a quelques semaines, l’essayiste Christine Emba a publié une lettre ouverte dans le New York Times dans laquelle elle dénonçait l’illusion de la pornographie inoffensive. Emba écrit:
Comme société, nous permettons que nos désirs continuent d’être façonnés, de manière expérimentale et à but lucratif, par une industrie qui n’a pas nos intérêts à cœur. Nous voulons prouver que nous sommes ouverts et modernes, écarter les discussions inévitables sur les limites et la réglementation, et éviter toute limite sur nos comportements. Mais nous détournons le regard des manières dont nous empirons notre condition.
Ce passage m’est revenu en tête en réfléchissant à ce que ChatGPT, Claude, Gemini et Grok nous réservent au cours des prochaines années.
Face aux gouvernements américain, européen, chinois et autres, la voix du Québec ne portera pas très loin. Je le sais bien. Mais il reste de l’idéalisme chez nous, Yoshua Bengio habite ici, et nous avons l’expérience de défendre la souveraineté des peuples. Au-delà des postures défensives dont nous avons trop souvent l’habitude, peut-être pourrions-nous participer, voire assumer un certain leadership, au sein d’une coalition internationale de défense et de promotion de la place de l’humain dans les sociétés et l’économie de l’avenir. Yoshua Bengio a récemment fondé LawZero. Voilà une initiative, parmi d’autres, qui mérite d’être connue, soutenue, et déployée à grande échelle.
Les débats entourant l’issue d’un combat entre cent hommes et un gorille posaient la question de la domination d’une espèce sur une autre. Le débat sur l’IA pose la question de la suprématie de la machine sur le vivant. Dans cet affrontement, les humains et les gorilles sont assurément dans le même camp.
Jérôme Lussier s’intéresse aux enjeux sociaux, politiques et économiques. Juriste, journaliste et idéaliste, il a tenu un blogue au VOIR et à L'Actualité et a occupé divers postes en stratégie et en politiques publiques, incluant à l'Assemblée nationale du Québec, à la CDPQ et au Sénat du Canada. Il est actuellement vice-président chez Casacom.
2 Commentaires
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Le petit singe, l’hippocampe et l’IA
Réponse au texte ‘Le gorille, l’IA et nous’ de Jérôme Lussier »
Merci à Jérôme Lussier pour ce texte lucide, grave et stimulant. À mon tour d’apporter une réflexion, en toute humilité, à ce moment si particulier où nous semblons perdre pied entre ce que nous sommes, ce que nous produisons, et ce que nous laissons faire.
1. Le faux réel : entre fascination ludique et fabrication du monde
La question du gorille face aux hommes, comme beaucoup d’autres polémiques virales, révèle moins un intérêt pour la biologie que « notre fascination grandissante pour les jeux, le virtuel et l’opinion ». Nous vivons dans un monde où l’illusion devient forme de vérité, et où la mise en scène a remplacé l’expérience.
Prenons l’exemple des documentaires animaliers « immersifs » : ralentis spectaculaires, hyperdéfinition, musique émotive — et pourtant, tout cela n’est que « reconstruction technique d’une nature recomposée ». Des plateaux de tournage sont recréés pour obtenir une image de la nature, mais ce n’est « pas » la nature.
De la même manière, « nous évitons de regarder la réalité numérique en face » : des kilomètres carrés de serveurs, d’usines à données, de câbles sous-marins. Le réel est moins poétique. Et souvent, la vérité nous dérange, car « elle contredit notre récit enchanté du progrès ».
2. Le travail humain : une illusion utile ?
Je n’ai pas de réponse définitive à la question du travail face à l’IA. Mais je partage une intuition exprimée par Bertrand Russell : « le travail est parfois une idole sociale, pas toujours une nécessité humaine ». Nous avons élevé l’emploi au rang de valeur morale, sans toujours interroger son contenu, son sens ou sa finalité.
Si l’IA supprime certains emplois, cela pose une vraie question : « travaille-t-on pour survivre, pour produire, ou pour appartenir ? » Et si l’on ne travaille plus, comment redéfinit-on notre rapport à la contribution et à la reconnaissance sociale ?
3. Réalisme sur l’IA : un simulacre de discernement
Je ne suis ni optimiste ni catastrophiste. Je pense que « l’IA est d’abord un miroir déformant ». Elle ne pense pas, elle trie. Elle n’a pas de jugement, mais une capacité de traitement.
Elle simule une « conscience discriminante », sans jamais réellement en posséder. L’IA n’est pas une menace parce qu’elle est plus intelligente. Elle l’est parce qu’elle « mime nos façons de décider sans en porter les conséquences ».
4. Des valeurs cénomorphiques : le Soi érodé
Nos modèles sociaux sont en crise parce que nos valeurs ont muté : elles ne sont plus anomiques, elles sont cénomorphes* — c’est-à-dire sans ancrage, sans corps, sans suite. Chacun en projette une version temporaire, adaptée à l’instant et au groupe.
À l’ère numérique, « le Soi est devenu un centre percé ». Nous donnons nos données personnelles, nos déplacements, nos désirs, nos insomnies, nos votes potentiels — tout cela librement, sans contrepartie autre que le confort et l’illusion de connexion.
Or, les véritables communautés humaines sont limitées. Comme l’a montré Robin Dunbar, « nous ne sommes câblés que pour des groupes sociaux de 150 personnes environ ». Au-delà, nous ne savons plus qui croire, qui suivre, ni même à quoi nous appartenons.
5. Le pouvoir de l’ombre : qui décide ?
L’humanité n’est pas une démocratie étendue, mais « une structure hiérarchique », à la manière des grands singes. Dans le monde numérique, **le pouvoir ne se joue pas dans la transparence mais dans le décalage entre deux informations **.
Par exemple, une bataille commerciale entre les États-Unis et le Canada semble anodine… jusqu’à ce qu’on découvre que « la firme de conseil McKinsey » conseille les deux gouvernements (ainsi que la France, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite, etc.).
Référence : « New York Times », 2022, série d’articles sur l’influence mondiale de McKinsey.
Nous devons donc nous demander : « qui décide, avec quelle légitimité, et au nom de quoi ? »
6. Méfiance envers les sauveurs
Enfin, je me méfie des ingénieurs du Ciel. Ceux-là mêmes qui créent l’échelle vers une puissance inédite, puis forment des comités pour nous avertir que cette montée pourrait être risquée.
Comment faire confiance à ceux qui, ayant bâti l’outil, s’improvisent gardiens de sa moralité ? Il est difficile de croire à une éthique véritable quand « le risque est conçu par ceux qui en tirent déjà profit ».
Conclusion
Face à l’IA, nous avons besoin de moins de discours rassurants ou anxiogènes, et davantage de lucidité sur ce que nous voulons conserver comme humain.
Le petit singe regarde l’écran. L’hippocampe **— mémoire de notre condition animale — s’efface lentement. Il est encore temps de « refuser la simulation permanente et de retrouver un contact plus brut, plus réel, plus limité avec nous-mêmes ».
Nous n’avons pas besoin de surhommes numériques. Nous avons besoin de « imites humaines ».
* Définition du néologisme “Cénomorphe” Céno- : du grec « kenos » (vide, creux) – même racine que « cénotaphe » (tombeau vide) -morphe : du grec « morphê »(forme, aspect)
Cénomorphe (adj. et n.m.) : Se dit d’une forme initialement vide qui peut recevoir et manifester différents contenus ou significations selon le contexte ou la programmation.
**Simons, Jon S., Jack R. Garrison, and Marcia K. Johnson. « Brain mechanisms of reality monitoring. » Trends in Cognitive Sciences, vol. 21, no. 6, 2017, pp. 462–473. https://doi.org/10.1016/j.tics.2017.03.004.
Buda, Michał, Alex Fornito, Zara M. Bergström, and Jon S. Simons. « A specific brain structural basis for individual differences in reality monitoring. » Journal of Neuroscience, vol. 31, no. 40, 2011, pp. 14308–14313. https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.3215-11.2011.
L’essor de l’intelligence artificielle est associée à des risques et des dangers mais aussi à des progrès. Si elle permettait une hausse de l’intelligence collective et de la capacité à penser globalement, elle pourrait aider à trouver des solutions aux nombreux problèmes qui se sont développés dans la modernité.
Déjà depuis des décennies, nous devons être critiques face aux sciences et aux technologies comme agents de progrès. Certes, l’espérance de vie a augmenté, ce qui est bien en soi, mais cela a permis une augmentation phénoménale de la population mondiale. L’industrialisation et l’utilisation de l’énergie fossile par des machines ont permis une hausse de la productivité. Mais aussi de la consommation de ressources naturelles non renouvelables et de l’émission de polluants dans l’atmosphère et dans les eaux, jusque dans les océans. Déjà le climat s’est réchauffé et continuera de le faire à cause des gaz à effet de serre émis par l’industrie, les moyens de transport, la production d’électricité et quoi encore. Le gaz carbonique émis dans l’atmosphère y restera pendant des millénaires. Ce qui fait que le climat, de plus en plus chaud, restera chaud pendant des millénaires.
Donc, l’humanité ne sait pas où elle va, avec ou sans l’IA. Nous ne savons pas où nous allons collectivement. En fait, le « nous collectif » n’existe pas, l’humanité n’est pas unifiée, loin de là. Les technologies ont accéléré le temps et nous précipitent sur l’écueil de nos limites philosophiques et politiques.
Réduire la destruction de la nature ou l’inverser sont des conditions nécessaires à la survie de l’espèce humaine. Dompter l’intelligence artificielle est un autre défi. La question la plus importante est : quelle est la finalité de l’humanité ? Il faudrait répondre à cette question pour cesser d’être soumis à l’évolution des technologies comme principal déterminant de l’histoire.