Une politique alternative au populisme autoritaire
Les communs doivent être considérés comme des substituts à l’uniformisation économique, culturelle et identitaire du monde

De nouvelles formes d’autoritarisme se répandent un peu partout sur la planète. Il y a l’autoritarisme de la Chine et de la Russie, une combinaison du postcommunisme et de leurs vieux rêves d’empire. Il y a l’autoritarisme islamique qui s’affirme dans maints régimes du Moyen-Orient (Iran, Afghanistan, Arabie Saoudite, etc.).
Il y a l’autoritarisme populiste qui émane des sociétés démocratiques, du trumpisme américain au bolsonarisme brésilien en passant par l’orbanisme hongrois et le lepénisme français. Aucune de nos démocraties ne semble en être complètement exempte. Même le Canada proposé par Poilievre s’inscrit dans ce mouvement.
Le populisme autoritaire
C’est cet autoritarisme populiste qui m’intéresse ici. Comment le définir ? Comme populiste au départ. Il s’oppose en effet aux élites politiques perçues comme corrompues ou déconnectées, mais plus fondamentalement aux institutions démocratiques considérées comme sclérosées, fruit de la mainmise de ces mêmes élites. Son rejet des institutions le conduit à s’appuyer sur une figure autoritaire ; un leader prétendant avoir un lien direct avec la volonté du peuple.
Le populisme par son exaltation du peuple est une forme de nationalisme. Il fait appel à une souveraineté populaire au-delà des vieilles divisions partisanes. Il pourfend une mondialisation débridée qui a désindustrialisé l’Occident, ouvert les frontières à une immigration qui dissout le peuple, provoquant par le fait même une insécurité économique et culturelle. Il reproche à la classe politique, perçue comme unifiée, son cosmopolitisme qui l’aurait éloignée des préoccupations socio-économiques du peuple. Nos sociétés se seraient égarées dans des questions de reconnaissance identitaire, de pluralisme, d’identité, voire de « wokisme ».
De manière différenciée, les programmes populistes misent sur une refondation tant économique (un protectionnisme) que culturelle (des limites à l’immigration) des frontières. Ils fustigent le trop-plein d’État dont le quadrillage institutionnel de la société civile minerait le pouvoir réel du peuple. Ils visent les universités, les médias publics, les institutions culturelles qu’ils conçoivent comme des forteresses de l’élite intellectuelle au pouvoir. Ils s’opposent au juridisme des régimes politiques actuels, une autre manière d’évacuer le pouvoir du peuple. De tels programmes sont menés par un désir d’autoritarisme inhérent au populisme en raison du rejet des institutions de médiation.
L’excès
L’excès des propos et des politiques populistes permet de comprendre la peur que ces discours suscitent.
Excès dans leur critique du caractère corrompue des élites politiques qui les conduit à rejeter les formes institutionnelles de la démocratie, voire de l’État de droit. Excès dans leur critique du caractère délétère de l’immigration sur le vivre-ensemble, qui les conduit bien souvent à des pulsions xénophobes. Excès dans la critique des politiques de la reconnaissance qui provoque une sorte de cécité face au caractère pluraliste des sociétés contemporaines. Excès dans l’affirmation d’une souveraineté populaire, capable de s’exprimer directement, qui les conduit à pourfendre toutes médiations politiques et, par conséquent, un excès dans la croyance en un leader politique capable d’interpréter la volonté populaire et d’agir à lui seul contre ces tendances.
Il est aussi vrai que les institutions démocratiques, notamment les parlements, se sont délestées au cours des dernières décennies de leur capacité d’agir politique au détriment des exécutifs, des tribunaux, des commissions de surveillance, etc. Si nos droits se sont affirmés, l’acteur politique s’est affaibli. Comment alors ne pas perdre confiance dans la démocratie parlementaire et ne pas faire appel à un pouvoir plus direct, exercé par le peuple ?
Si ce n’était pas de ces excès, nous pourrions effectivement penser que le populisme est l’expression d’un malaise populaire réel. Le sentiment de ne pas être écouté et représenté dans les institutions de la démocratie est effectivement très répandu.
Comment par ailleurs ne pas saisir les effets négatifs sur les classes populaires de la désindustrialisation ? La fuite des industries a amené avec elle, pour nombre de travailleurs, la fin de la sécurité financière difficilement acquise au siècle précédent. Elle a brisé la vieille culture ouvrière, sans que se crée un nouveau commun. L’individualisme a remplacé la communalisation. Il est facile alors d’imputer à l’arrivée d’une nouvelle population migrante l’insécurité culturelle ainsi créée.
La polarisation
Ce malaise peut s’exprimer aussi en raison d’une modification profonde de notre culture politique. De l’autre côté du spectre politique, il est vrai que le « progrès » s’est redéfini. Il est désormais moins lié aux inégalités socio-économiques qu’à une volonté moralisante d’accepter la diversité des identités, ethniques, religieuses, de genres.
Une polarisation politique a envahi nos démocraties. Il est devenu politiquement réactionnaire de parler du désarroi des vieilles populations devant la disparition d’un vieux monde qui était néanmoins le leur. Aussi, discuter sereinement des capacités d’accueil d’une société, autant d’un point de vue culturel (la langue par exemple) que d’une perspective sociale (les capacités du filet social), semble de plus difficile.
Il y a aussi du populisme dans l’anti-populisme autoritaire. La critique des élites politiques et économiques, considérées comme des suppôts du capitalisme, est omniprésente dans la gauche antirépublicaine, pour employer le vocabulaire politique français. La contre-démocratie, une sorte de libertarisme de gauche, marque les grandes mobilisations des dernières décennies, comme les mouvements étudiants, écologiques, le Printemps érable, la révolte des gilets jaunes ou les protestations propalestiniennes. Dans cette forme de populisme, la notion de peuple ne correspond pas au peuple concret du territoire national, mais se compose plutôt d’une nébuleuse d’acteurs protestataires qui ne forment pas un tout unifié et qui sont le plus souvent transnationaux.
Bien que le populisme de gauche soit plus libertarien qu’autoritaire (si on fait exception d’acteurs comme Daniel Orteg, Nicolas Maduro et peut-être Jean-Luc Mélenchon), il y a dans ces mouvements un péril pour la liberté de parole, un péril qui se distille d’en bas. Ce phénomène (excès) est particulièrement présent dans les universités, les appareils gouvernementaux, les milieux culturels (ce n’est pas le goulag toutefois).
Malgré cette connivence « populiste » entre un populisme autoritaire qui cogne à la porte de nos gouvernements, quand il n’est pas déjà entré, et un populisme de gauche, dont la fragmentation rend impossible un agir politique efficace, il a bel et bien polarisation de la vie politique.
Un rappel historique
On serait ainsi dans une situation un peu similaire à celle du milieu du siècle dernier entre le communisme et la social-démocratie. Les deux s’abreuvaient à un même idéal égalitaire, mais le communisme le faisait avec excès, de manière autoritaire, en appelant à la résistance, en voulant renverser l’État de droit libéral. C’était un égalitarisme sans limites qui, en raison de ses excès, a produit l’inverse de son intentionnalité.
Au contraire, la social-démocratie faisait appel au compromis, privilégiait le réformisme, misait sur une confiance dans la démocratie libérale, tout en cherchant à discipliner le capitalisme. C’est la social-démocratie qui eut raison finalement. Elle a réussi à créer une société plus égalitaire que celui qui s’installait dans les régimes socialistes : une société plus libre et plus appuyée sur la capacité d’agir des acteurs.
Quels seraient alors les éléments d’une politique alternative au populisme autoritaire qui tiendrait compte de la sensibilité populaire qui permet aujourd’hui son essor ? Il ne s’agit évidemment pas de rédiger ici une plateforme électorale, mais de jeter quelques balises de ce qui pourrait être une alternative.
Une adhésion sans condition à la démocratie libérale
Le plus grand danger que fait courir le populisme autoritaire à nos sociétés est bien la sortie de l’État de droit et des institutions de la démocratie représentative. L’alternative politique au populisme autoritaire, si elle doit reconnecter les dirigeants politiques et les institutions de la démocratie avec les sentiments populaires, ne peut le faire en rompant avec les valeurs universalistes de l’État de droit.
Par exemple, les revendications pour un mode de scrutin plus représentatif de la pluralité, comme celle des démocraties directes, au risque de dérapage, doivent être modérées par une rationalité universelle.
La seule forme politique de rationalité universelle que nous connaissons est bien celle de la démocratie délibérative.
Un nationalisme solidaire
La critique populiste du néo-libéralisme perçoit l’identité nationale comme un rempart contre l’immigration et la mondialisation économique. Une telle conception du nationalisme est essentiellement négative.
L’alternative politique au populisme doit voir dans l’État-nation une dynamique positive tant en regard de son fonctionnement propre que dans son prolongement hors frontières.
Avec la fin des solidarités traditionnelles (communauté, famille, église), l’État providence s’est déployé pour maintenir le lien social et assurer une nouvelle forme de solidarité. Or, il faut une communauté politique pour défendre une telle solidarité. Seul l’État-nation en est capable, car il est constitué comme communauté politique. C’est aussi l’État-nation qui peut réguler une « économie monde ». Laisser à elle-même l’espace-monde n’est donc ni un lieu de solidarités ni un espace de régulation politique. Comme on le dit, la mondialisation rime avec la désaffiliation d’un point de vue sociologique et avec le néo-libéralisme d’un point de vue de l’économie politique. C’est pourquoi, dans une politique alternative, l’État-nation doit être défendu.
C’est aussi en raison de son fondement universel que l’État-nation doit étendre sa solidarité au-delà de ses frontières. L’accueil de l’étranger est un impératif moral. Il doit toutefois répondre aux capacités d’intégration sociale de la société d’accueil. Il doit être l’objet d’une politique.
Des communs dans le Commun
La revalorisation des communs est souvent évoquée pour recréer des lieux de sens et de décence. Contre l’abstraction d’un monde cosmopolite, nous devons tenter de retrouver la concrétude des lieux, des régions des villes, du local. Il nous faut sortir certaines choses de la marchandisation et de la propriété étatique pour miser sur une utilisation en commun.
Les communs doivent être considérés comme des substituts à l’uniformisation économique, culturelle et identitaire du monde : les communs comme lieux de convivialité, la décence des communs comme limites aux excès de l’abstraction universelle, les communs comme espace communautaire, les communs comme biens publics, les communs comme vecteurs d’identités locales, les communs comme lieux de vie, les communs comme régions écologiques, les communs comme lieux de connaissances populaires, les communs numériques, etc.
La multiplication des communs ne peut toutefois se faire sans qu’une totalité politique enserre le tout. La revalorisation des communs implique un certain communautarisme ou particularisme et peut conduire à la ghettoïsation de la société. Au regard de l’État-providence, un tel processus exige une décentralisation de certaines fonctions de l’État. L’enjeu, si ce n’est la difficulté d’une politique alternative, est que la multiplication des communs et le particularisme qui est inhérent au commun doivent se marier avec une visée universaliste et l’idée d’un monde commun.
Pas de communs sans un Commun.
._._._.
Populisme autoritaire : Frédérick Guillaume Dufour, Entre peuple et élite, le populisme de droite, Collection. Le Monde en poche, Infos. 64 pages/octobre 2021, Montréal, PUM.
https://pum.umontreal.ca/catalogue/entre_peuple_et_elite_le_populisme_de_droite
Excès : Mathieu Bock-Côté, Le totalitarisme sans le goulag, Paris, Presses de la Cité, 2023, 272 p
https://www.chire.fr/le-totalitarisme-sans-le-goulag-p-285193
Décence : Jean Claude Michéa, Orwell, anarchiste tory, Castelnau-le-Lez, Climats, 1995.
https://editions.flammarion.com/orwell-anarchiste-tory/9782080205278
Insécurité culturelle : Laurent Bouvet, L’insécurité culturelle, PARIS : FAYARD, 2015, 186 P
https://www.fayard.fr/livre/linsecurite-culturelle-9782213672199/
Contre-démocratie : Pierre Rosanvallon, La Contre-démocratie, Paris, Seuil
Cosmopolitisme : Joseph Yvon Thériault : Sept leçons sur le cosmopolitisme, Montréal, Québéc-Amérique, 2019
État-de droit : Marcel Gauchet La Démocratie contre elle-même, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2002
https://www.gallimard.fr/catalogue/la-democratie-contre-elle-meme/9782070763870
Polarisation : http://www.revueargument.ca/dossier/120-la-polarisation.htm
Social-démocratie/communisme, Bernard Manin, Antoinne Bergounioux, La Social-Démocratie ou le Compromis. Paris : Presses Universitaires de France, 1979. 216 p.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4808904z.texteImage
Nationalisme solidaire : David Miller, Citizenship and national identity. Polity, 2000
https://www.politybooks.com/bookdetail?book_slug=citizenship-and-national-identity–9780745623948
Les communs : PIERRE DARDOT CHRISTIAN LAVAL, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle Éditeur : LA DECOUVERTE ; Collection : LA DÉCOUVERTE POCHE.
Joseph Yvon Thériault est sociologue. Il s’intéresse aux identités dans les sociétés traversées par l’individualisme démocratique. Il est un spécialiste des francophonies nord-américaines (Québec, Acadie, francophonie canadienne). Il a notamment publié Critique de l’américanité, 2002, Évangéline: contes d’Amérique, 2013, Sept Leçons sur le cosmopolitisme (2019). Il est professeur retraité de l’Université du Québec à Montréal et professeur émérite de l’Université d’Ottawa. Il intervient régulièrement sur les enjeux de sociétés dans les médias.
4 Commentaires
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« Le sentiment de ne pas être écouté et représenté dans les institutions de la démocratie est effectivement très répandu ». Il me semble que ce sont les mêmes constats qui ont donné naissance aux groupes militants wokistes (éveil aux injustices de traitement) des divers groupes soucieux de corriger l’histoire qui les avait exclus. Votre article est très intéressant pour les intellectuel.les qui ont les capacités de le comprendre. Il serait bien de pouvoir vulgariser le contenu pour si le but est de faire réfléchir les décideurs économiques et politiques afin de mettre en place des mécanismes facilitant la participation des communautés populistes.
1) « être éveillé aux injustices » et « avoir le sentiment de ne pas être écouté » ne relèvent pas du même public. La première idée renvoie à des militants ou intellectuels qui s’éveillent à une injustice chez l’autre; la deuxième renvoie à l’acteur lui-même qui a le sentiment que sa parole n’est plus audible
2 C’est un point de vue populiste que de penser que tout débat public doit viser la vulgarisation. Parfois la vulgarisation ne permet pas d’exprimer quelque chose de différent. Les intellectuels ne sont pas tous là pour vulgariser, mais pour redéfinir, compliquer, les manières de penser. À l’usage d’autres concrétiseront ces idées. Je pense par exemple à l’idée du commun, qui n’est pas commune, mais qui vise à conceptualiser quelque chose entre la communauté de fait et un bien public qui serait central dans une alternative politique décentralisée. Pour être plus explicite, l’idée des droits de la personne n’est pas apparue dans l’espace public des Lumières de manière vulgarisée, mais par un débat entre lettrés.
Ceci dit il n’y a rien dans mon texte qu’un politicien qui lit moindrement ne pourrait pas comprendre.
Le texte soulève une question cruciale : comment la démocratie, en tant que principe et pratique, peut-elle réellement fonctionner dans un monde où les sociétés deviennent de plus en plus vastes, complexes et distantes de l’individu ? Vous mettez en lumière un défi fondamental : celui du « principe de Dunbar », selon lequel les humains peuvent maintenir des relations sociales et des liens significatifs que dans des groupes relativement restreints, souvent pas plus de 150 personnes. Ce nombre représente la taille optimale pour une société où les interactions sont encore suffisamment personnelles pour permettre une gouvernance véritablement démocratique. Dans des sociétés de grande échelle, où les populations dépassent les centaines de millions, il devient difficile, voire impossible, de maintenir cette forme de proximité politique.
À l’échelle des « superpuissances » modernes, comme les États-Unis, la Chine, ou l’Inde, le lien entre gouvernants et gouvernés devient de plus en plus impersonnel. Dans ces contextes, la démocratie semble se réduire à un choix binaire, souvent entre deux options de vote largement similaires, ce qui, selon vous, fait émerger un paradoxe fascinant : la « recherche de la démocratie » dans un contexte où les options politiques se réduisent. En d’autres termes, comment la démocratie peut-elle réellement s’épanouir dans un pays de 350 millions d’habitants, où, au bout du compte, les citoyens ne peuvent choisir qu’entre deux candidats principaux, à peine plus distincts l’un de l’autre ? En revanche, un groupe plus restreint de 150 personnes pourrait offrir bien plus de diversité de choix de leaders, avec des interactions directes et une plus grande capacité à répondre aux besoins locaux et spécifiques des individus.
C’est là que se trouve, à mon sens, l’une des tensions majeures du monde moderne : nous avons créé des sociétés qui dépassent les capacités cognitives et sociales humaines pour gérer de manière démocratique un tel nombre de personnes. L’histoire nous montre que plus une société est grande et plus elle devient complexe, moins elle semble capable de maintenir une véritable démocratie participative. Les choix politiques deviennent centralisés, filtrés par des partis dominants, et les voix dissidentes sont étouffées dans une mer de représentations idéologiques.
À l’opposé, les petits groupes humains, dont la taille est en accord avec les capacités sociales humaines, permettent une « prise de décision plus directe », plus transparente et plus représentative des besoins réels des individus. Les leaders dans ces sociétés sont davantage responsables et accessibles, et les citoyens peuvent interagir plus facilement avec eux. Ce phénomène ne concerne pas uniquement les sociétés traditionnelles ou anciennes, mais aussi des formes de gouvernance modernes qui réinventent ou réinterprètent ce principe en appliquant des modèles de « démocratie délibérative », où chaque individu a la possibilité de contribuer activement à la prise de décision.
Dans ce contexte, il est légitime de se demander si, dans de grandes démocraties, les institutions ne se sont pas trop éloignées des préoccupations fondamentales des citoyens. Les « excès du populisme autoritaire » soulignés dans votre texte peuvent être compris comme des manifestations de cette déconnexion. Ils traduisent un malaise face à une élite politique perçue comme corrompue et éloignée des préoccupations populaires. Cependant, au lieu de mener à une véritable démocratisation, ces mouvements tendent à concentrer davantage de pouvoir dans les mains d’un leader charismatique, détruisant ainsi les institutions de médiation qui garantissent le pluralisme et la participation.
Le défi pour l’avenir réside donc dans la manière dont nous réconcilions les « besoins populaires réels » avec les « idées de démocratie représentative ». Il est possible qu’un modèle plus « décentralisé », inspiré de structures sociales plus petites et plus humaines, puisse offrir une alternative viable. Toutefois, il ne s’agit pas de nier l’existence de sociétés complexes et mondialisées, mais de réfléchir à des formes de gouvernance qui équilibrent « solidarité nationale » et « inclusivité universelle ».
Ainsi, plutôt que de simplement opposer petites et grandes sociétés, il serait peut-être plus pertinent de réinventer un modèle démocratique qui permette aux « gouvernants » et aux « gouvernés » de renouer un lien plus étroit, en s’appuyant sur les leçons du passé, tout en tenant compte des défis contemporains. Un équilibre délicat entre « participation locale » et « engagement global » pourrait être la clé d’une démocratie qui, tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux, pourrait réellement fonctionner à l’échelle des grandes sociétés modernes.
Je suis d’accord avec votre argumentation. Ce sont des questions que j’ai développées dans Sept leçons sur le cosmopolitisme. Les tentatives de créer des gouvernements supra nationaux sont incompatibles avec la démocratie. Le principe de Dunbar m’apparait un peu restrictif toutefois. 150 personnes pour créer une communauté de vie, mais je dirai qu’une communauté politique peut être plus large.